Caleb Isaac Jenkins

« I was made for lovin' you baby. You were made for lovin' me. »

Il y a un moment dans votre vie, où vous vous retournez, en vous demandant comment vous en êtes arrivés là. Est-ce-que vous auriez fait les choses différemment si vous aviez su ce qu'elles impliqueraient ? Ou biens est-ce-que vous referiez exactement la même chose, malgré les conséquences ? Je suis arrivé à ce moment là de ma vie. Alors, je me retourne sur ma vie, et je cherche où j'ai merdé. Mes parents se sont rencontrés à Sainte Mangouste. C'était l'hiver, mon père sortait du Ministère quand il a glissé sur une plaque de verglas et s'est pété la jambe. Ma mère était le médecin qui s'est occupé de lui. Je sais. C'est l'histoire la plus banale qu'on ait jamais entendu. Mon père bosse au Ministère de la Magie, au Mangemagot. Ma mère est toujours médicomage à Sainte Mangouste. Rien de plus à ajouter sur mes parents, en dehors du fait qu'avec leurs deux salaires, ils m'ont donné un niveau de vie clairement au dessus de la moyenne. Je suis né à Londres, et j'ai vécu dans les beaux quartiers pendant toute mon enfance, entouré, cajolé, bercé d'histoires sur le courage, le don de soi et la justice. J'ai été aimé. Vraiment aimé. Et je pense pouvoir dire que mes parents m'ont transmis de bonnes valeurs, et de bons principes. Donc, premier indice : c'est pas à cause d'eux que j'ai merdé. Je suis arrivé à Poudlard le 1er Septembre 1992. Je venais d'avoir onze ans. Avant de partir, mon père m'a dit un truc du genre "Peu importe la maison qui te choisira, l'important c'est que tu t'y sentes bien." Je me souviens de la petite fille debout à côté de moi alors que j'attendais que le professeur McGonagal m'appelle pour poser le Choixpeau Magique sur ma tête. Elle se tenait bien droite, le regard rivé sur le tabouret, mais ses mains tremblaient. Je me rappelle m'être penché vers elle et lui avoir murmuré "Peu importe la maison qui te choisira, l'important c'est que tu t'y sentes bien." Elle m'a regardé comme si je débarquais d'une autre planète. Sur le moment, ça m'a parut être ce qu'il y avait de plus intelligent à dire - merci papa. J'ai été envoyé chez Gryffondor, comme mes parents avant moi, la petite fille a été envoyée chez Serdaigle, pas comme ses parents avant elle. C'est la première fois que j'ai vu Athénaïs Pontius. Je me suis très vite intégré dans ma nouvelle école. Ma bouille de nounours m'attirait les faveurs des profs, mon humour déclenchait l'inclination des filles, et mon insolence me procurait tout un cercle de copains un peu tarés. J'étais le stéréotype même du Gryffondor. Athénaïs Pontius était une parfaite petite Serdaigle. Sérieuse, studieuse, et volontaire. On se retrouvait souvent en cours ensemble, s'échangeant des banalités, mais pas beaucoup plus que le jour de la répartition. Jusque là, j'avais toujours pas merdé. Première année, deuxième année, troisième année, quatrième année. Cinquième année, je venais d'avoir quinze ans, et j'étais en pleine crise d'adolescence. J'avais perdu mes joues de nounours, et les faveurs des profs avec. Mes potes étaient toujours les mêmes, et les filles... les filles étaient devenues notre principal sujet de conversation. Notre seul sujet de conversation. On parlait des filles plus âgéesde notre maison : Lavande et Hermione surtout. Et puis des filles de notre promo. Ginny... et Athénaïs. La petite fille de la répartition avait bien grandit, et la moitié des mecs de l'école fantasmaient sur elle. Et autant vous le dire, je faisais partie de cette moitié là. Je me suis mis à jouer des coudes pour pouvoir être son binôme en cours de potions, j'essayais de la faire rire, de dépasser tous les autres. Je me suis rendu compte que j'étais amoureux d'Athénaïs bien avant qu'elle ne me remarque. Quand elle me souriait, je sentais mes genoux flancher. Mais quand un autre mec s'approchait d'elle, je rêvais de le tuer. Je la voulais. Je ne voyais plus rien d'autre. Alors, j'ai usé de tout mon humour, de toute ma répartie et de toute mon ingéniosité pour la séduire. Jusqu'à ce qu'un jour, je la retienne par la main à la fin d'un cours. Je l'ai embrassée, et elle a répondu à mon baiser. A partir de là, je l'ai plus lâchée. Elle était à moi, et j'étais fou d'elle. Elle m'a présenté à ses amis. Elle m'a présenté à Lewis... Lewis Johnson était un Serdaigle un peu rêveur et très naïf, fou amoureux d'une autre Serdaigle avec qui il sortait depuis trois mois. Très vite, on est devenus inséparables. Copains comme cochons. Et puis... Et puis, il y a eu le meurtre. Une fille a été retrouvée assassinée dans l'école, mutilée de manière tellement atroce qu'on ne nous en a dit que la moitié. C'était la copine de Lewis. A partir de ce jour, quelque chose s'est déconnecté chez lui, il a complètement perdu les pédales. Il s'est mit à se faire du mal, à multiplier les tentatives de suicide sans jamais parvenir à son but macabre. C'est pour ça qu'il nous a demandé. Athénaïs et moi étions ensemble depuis plus d'un an, et... on était vraiment heureux ensemble. Mais quand Lewis nous a supplié en pleurant de l'aider à en finir... je crois que c'est là que j'ai merdé. Lewis disait qu'il ne pouvait pas vivre sans elle, qu'il voulait mourir, qu'il avait besoin de nous pour en finir. Je sais pas pourquoi, à ce moment là je me suis dit que si je devais me retrouver à sa place, j'aimerai que mes amis soient près de moi quand je partirai. On a accepté. On l'a aidé à partir. Ca aurait dû nous rapprocher, nous souder pour la vie, mais au lieu de ça... La culpabilité s'est mise à me ronger. Lewis traversait peut être seulement une mauvaise phase que le temps aurait peut-être fini par effacer. Il y avait peut-être une raison pour laquelle toutes les tentatives de suicide de Lewis n'étaient que des tentatives. Peut-être qu'il ne voulait pas vraiment mourir ! Peut-être qu'on était responsable de sa mort. Je me sentais responsable de sa mort. Et j'essayais d'oublier. Mais à chaque fois que je voyais Athénaïs, la culpabilité m'envahissait. Je me suis mis à lui en vouloir de ne pas culpabiliser comme moi, à lui en vouloir de m'avoir présenté Lewis. Finalement, je ne supportais simplement plus sa présence dans ma vie, cette présence qui me rappelait trop bien ce que j'avais fait. Alors, j'ai fuit. J'ai largué Athénaïs comme si elle ne représentait rien pour moi, et je suis retourné vers mes potes de la première heure. Je me suis mis à jouer un rôle, le rôle de l'adolescent que j'étais un an plus tôt, mais ça ne suffisait pas. Alors pendant un moment, j'ai picolé, j'ai fumé, j'ai fait tout ce que je pouvais pour ne pas assumer mes responsabilités. Mes résultats scolaires sont tombés en chute libre, et mes potes ont commencé à m'éviter. J'évitais par tous les moyens de croiser Athénaïs, plus par honte de l'avoir abandonnée que par rancoeur à son égard. Et puis j'ai commencé à entendre des choses sur elle, sur ce qu'elle disait, sur ce qu'elle faisait. J'ai vu des mecs se féliciter de l'avoir mise dans leur lit, ou me faire des clins d'oeil complices. J'ai eu des envies de meurtre. Je voulais tous les tuer, sans exception. C'est là que j'ai compris que je ne pouvais pas vivre sans elle. Je supportais pas l'idée qu'elle puisse être touchée, caressée, embrassée par quelqu'un d'autre. Je ne le supporte toujours pas. Elle est a moi. Je sais où j'ai merdé. J'aurai jamais dû l'abandonner. J'aurai dû rester, et surmonter ça avec elle. Elle est a moi. Je suis fou d'elle. Je la veux. Et je vais la récupérer...

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