Une vie de fuite fait peine à voir et pourtant, c’est ce que Jezabel subit depuis sa plus tendre enfance. Fuir devant son grand-père qui n’avait de cesse de le battre. Et à présent, se cacher du monde entier. Chaque passant peut lui couter sa liberté. Chaque Sorcier est en mesure de le faire enfermer. Il ne sait pas à qui se confier, il ne sait pas non plus comment leur échapper. Dans cette épreuve, il se sent plus seul que jamais, pourtant il est marié. Mais ne voulant pas attirer de problème à Athénaïs, il fait de son mieux pour ne pas être vue en sa compagnie. Leur mariage est encore secret, seule la famille est au courant. Ca n’a même pas été un grand mariage en plus. Rien de bien extravagant. Sur un coup de tête, ces deux jeunes gens ont fuis à Las Vegas, là où l’union est la plus simple, mais également la plus rapide. Quelque part, il s’en veut d’avoir priver Athénaïs de ce que toutes les filles rêvent. Une grande cérémonie, une robe de mariée certainement très longue. Et lui aussi à le regret de ne pas avoir pu faire ça dans les règles de l’art, avec pour témoin son frère de coeur. Celui qui vit sûrement les mêmes choses que lui : la fuite.

Marre de se cacher et pourtant, ce n’est pas non plus pour ça que Jezabel fait des folies en se montrant juste devant le peu de membres de l’Ordre encore en liberté. Ni même devant le ministère de la magie. Il est peut-être provocateur, mais pas complètement dingue non plus. C’est pourquoi, le fils Pontius ne fréquente que les lieux Moldus depuis quelques temps. Se fondant dans la masse, il marchait dans les rues sans trop attirer l’attention sur lui. Devant une bijouterie, il s’était arrêté, se rendant compte que Athénaïs n’avait même pas de bague digne de ce nom. Ayant toujours de l’argent moldu sur lui, au cas où, il entra dans la boutique et acheta l’une des plus belles, mais aussi des plus couteuse, bague. La petite boite rangée dans la poche intérieure de son blouson, il descendit la petite marche sans faire attention où il allait. Résultat : il entra de plein fouet dans le premier passant, se mangeant un coup de boule par la même occasion. Quelques pas en arrière plus tard, tout en se tenant le front de sa main et en marmonnant des jurons entre ses dents. Egalement, il se rappela que la dernière fois que quelqu’un l’avait bousculé de cette façon, il s’agissait de l’autre crétin de Caleb. Mais là, la chance semblait vouloir lui sourire. En déposant les yeux sur la victime de son côté tête en l’air, il reconnut aussitôt Drago. Ce mec a toujours été tout pour Jezabel. Son frère, son meilleur ami et aussi le pire des confidents. Oubliant la douleur de la bosse qui commençait à se former sur le côté de sa tête, un sourire se dessina rapidement sur ses lèvres.

« Dray. »

Dit-il avant de franchir le pas qui les séparait de le prendre dans ses bras. Cette fois-ci, il ne s’agissait pas d’une hallucination, il était bel et bien là, en chair et en os. L’étreinte durante, Jezabel sentit d’un seul coup son best plutôt étrange. Mais il ne tarda pas à réaliser pourquoi, avant de se reculer.

« Ne vas rien t’imaginer, c’était ma baguette. »

Ces derniers temps, sa vie était réellement la pire qui soit, au point où il s’était déjà posé la question sur ce qui le retenait encore à ce monde. Mais là, il allait pouvoir retrouver le soutien moral qu’il a toujours eu grâce au petit Prince des verts et argents. Enfin ex-petit Prince depuis quelques années déjà.

La ville est grande, trop grande et c’est une aubaine pour passer inaperçu. Quand on a tous les Sorciers aux fesses, il vaut mieux trouver à se planquer. Mais la vie en pseudo captivité est devenue si pesante, qu’il s’est tenté à une petite virée. Et puis, personne ne le reconnaitra ici, enfin c’est ce qu’il se répète sans cesse pour éviter d’avoir à se retourner à chacun de ses pas. C’est un endroit où seuls les Moldus vont, rares sont les Sorciers qui s’y rendent. Sauf ceux qui sont pour la cause de ces personnes, mais on ne les croise pas à chaque coin de rue non plus. Ils doivent bien avoir des repères dans des coins reculés de la ville. Loin des regards, loin des oreilles indiscrètes, bref, tout sauf ici. Et puis, terminé la fuite, ce n’est pas une vie ça et c’est justement ce que Jezabel s’était dit en entrant dans cette bijouterie. D’ailleurs, la personne qui l’avait reçu, le regardait simplement comme s’il s’agissait de monsieur tout le monde. Ca faisait tellement longtemps qu’il n’avait pas eu cette impression d’être normale. Tellement étrange à la fois, qu’il en était surpris, perdu même. Si bien qu’en ressortant, sans même regarder où il mettait les pieds, il s’est manger une coup de boule mémorable. Sur le coup, il pesta dans son coin, avant de reconnaitre aussitôt, son meilleur ami de toujours. Le fils de Pontius se félicita d’être sorti ce jour. Voir Drago est une chose qu’il n’a pas réussi à faire durant des années. Si bien qu’il s’était retrouvé plus seul que jamais, au début de son intégration forcée dans l’Ordre des Ténèbres. Mais la surprise était telle, que Jezabel s’était même laissé aller à le prendre dans ses bras. Un peu comme si tous ses soucis s’envolaient d’un seul coup. C’était sans aucun doute le meilleur moment qu’il avait vécu depuis bien longtemps. Retrouver ainsi son frère de coeur était chose qu’il ne s’était même pas imaginé. Et pour agrémenter leurs retrouvailles, les piques commençaient à fuser. Une habitude qui les a toujours amusé.

« Oh tu l’avais remarqué ? Il faut dire que je n’ai jamais su être discret. »

Mais malgré tout, ils ne devaient pas oublier qu’à n’importe quel moment, un ennemi pouvait leur tomber dessus. C’est d’ailleurs Drago qui fut le premier à redescendre sur Terre en lui intimant de bouger. Il est vrai qu’à eux deux, ils doivent avoir tous les Sorciers du monde à dos, ou les trois quarts. Ce qui est d’ailleurs drôle, puisqu’ils ont emprunté des routes différentes, mais finissent par se retrouver avec, en partie, les mêmes ennemis. Tout en regardant autour d’eux, et en ayant cette forte impression d’être constamment surveillé, le membre de l’Ordre acquiesça d’un geste de la tête.

« J’avais envie de revoir le jour autrement que par une fenêtre … Je crois qu’on a eu la même idée. »

S’il y a bien une personne qui soit en mesure de le comprendre, c’est sans aucun doute Drago. Même si ce n’est pas pour les mêmes raisons, il est aussi obligé de rester enfermé, sans pouvoir profiter comme le font toutes les personnes de leurs âges. Jezabel a parfois l’impression de passer à côté de sa propre vie, ce qui est navrant.

« Je suis aussi ici incognito, tu connais un coin un peu plus tranquille ? »

Par-là, il espère surtout que son pote ne l’emmène pas au coeur d’un quartier rempli de Sorciers qui leur feraient très vite la peau. Enfin, surtout dans le cas de Jezabel. Faut dire, que du côté des gentils, comme de celui des méchants, il est nullement le bienvenu. Il ne sait même pas comment se passeront les retrouvailles avec son propre père. D’ailleurs, il ne manquerait plus que ça, pour qu’il soit totalement seul contre le restant du monde.

« Ton père est encore en liberté ? »

Comme quoi, Jezabel n’est pas le seul à avoir eu le temps de se barrer, avant que la plupart des partisans de Lestrange ne se fassent coincer. Néanmoins, même s’il risquait sa liberté, voir même sa vie à sortir de la sorte, il était plus qu’heureux de pouvoir passer un petit moment avec celui qu’il a toujours considéré comme son frère.